Reporter-Photographe

Derrière les images

Maintien de l’ordre sur les champs-Elysées

Maintien de l’ordre sur les champs-Elysées

Des #GiletsJaunes à Paris

Et bien voilà, je n’étais pas très motivée pour travailler ce samedi, ma semaine a déjà été on ne peut plus chargée et la prochaine s’annonce du même acabit. Mais j’avais tout de même le sentiment que « quelque chose se jouait » autour de ces gilets jaunes, de leur colère pas très structurée et pas vraiment entendue, de cette manifestation parisienne interdite et de ces gens de province prêts à monter sur Paris pour faire entendre leur colère.

Je l’ai toujours dit à mes stagiaires, il est impossible de bien photographier une manifestation quand on est militant, car dans ce cas on fait de la communication, et pas du journalisme. Donc je m’efforce de toujours de partir en reportage en manif l’esprit neutre et la tête au clair. Cette fois-ci encore, je ne déroge pas à cette règle.

Donc, je rejoins en métro le rond point de l’étoile vers midi, et deux arrêts avant ma station, alors que je suis encore dans le métro, l’odeur âcre du gaz CS se fait sentir, discrètement. Je découvre une scène assez surréaliste en sortant: dans les volutes de gaz qui se dissipent, des manifestants en gilets jaunes, énormément mais assez calmes, et des forces de l’ordre, assez peu comparativement.

Tout dans cette journée était hors norme: je n’avais jamais entendu autant de manifestants chanter de façon aussi régulière la Marseillaise ou reprendre en choeur « tout le monde aime la police », jamais vu autant de drapeaux français -excepté pour fêter la coupe du monde-. Et oui, quand je suis arrivée j’ai été surprise de ne voir aucune vitrine de l’avenue caillassée ou taguée ni aucune de ces grosses voitures luxueuses qui traversaient l’avenue être inquiétées par les manifestants qui leur dégageaient le passage.

J’aurai sans doute dû rentrer chez moi à ce moment là. Il y avait bien quelques poubelles et jardinières renversées mais globalement, l’immense marée humaine de gilets jaunes obéissait aux injonctions des forces de l’ordre et marchait de barrage en barrage.

Je ne saurai dire « comment » ensuite, tout s’est enchaîné, mais à un moment donné, j’ai retiré l’œil de mon viseur et je me suis retrouvée projetée en plein milieu du CNEFG Saint Astier. Là où les gendarmes mobiles s’entraînent « pour de faux » à éteindre des barrages enflammés, à essuyer des jets de cocktails molotov de plastrons surexcités, tirant leurs grenades dans les polygones pyrotechniques…
Et j’étais toujours sur cette avenue mondialement connue pour son élégance, à essayer de ne pas me prendre les pieds dans les cendres et les morceaux de ferrailles amassés, à éviter ces fameux pavés qui volaient en tout sens, tandis que des explosions retentissaient pas très loin.

Alors je me suis concentrée sur ce qui était important pour moi dans mon travail, mettre en avant l’abnégation de ces servants d’état: policiers, gendarmes, pompiers, qui étaient là, et tâchaient d’accomplir leur mission avec leur humanité, leur discernement… et les faibles moyens qui leur étaient confiés.

 

En reportage au 14 juillet 2018

En reportage au 14 juillet 2018

Quelques jours après avoir publié sur les réseaux sociaux ma photo du survol des pionniers par les alphajets de la patrouille de France, j’ai eu le plaisir de recevoir un petit message sympa du CM de la Légion Etrangère et en pièce jointe une photo de mes plus beaux sac à dos et jean de travail… ainsi que de mon assistant à rayures et de son drapeau Légion !

Credit : Dragan ASANOV / Légion Etrangère_IMG_20181003_180914

L’envoi m’a fait sourire, me rappelant ce moment où tandis que je passais devant la musique de la légion, le plus discrètement possible (puisqu’attention Marie Drucker et la télévision interviewaient le tambour major pour son dernier défilé) un communiquant de la Légion m’est tombé dessus bruyamment et m’a à peine demandé mon avis avant de glisser son petit drapeau dans la poche de mon sac en me recommandant de faire plein de belles photos de ses gars !
Sinon, c’est assurément mon meilleur profil !! En même temps, ça vous donnera peut-être une idée du volume massif de mon sac photo. J’ai déjà fait le calcul, je marche en moyenne 10km avec lui entre 7 heures et 10 heures le matin du 14 juillet, soit 5 allers-retour de l’arrêt Champs Elysées Clémenceau à l’Arc de triomphe; ce qui justifie la gourde que porte Tigrou 😉

Enfin, tout ça pour dire: Legio Patria Nostra et merci la Légion !

Tir de nuit au PGM Hécate II

Tir de nuit au PGM Hécate II

J’ai organisé tout un reportage avec la STELD du 1er RI juste pour cette photo ! Et comme ça aurait été trop facile de les rejoindre à Sarrebourg, au régiment, j’ai rejoint la section de tireurs d’élite pour une de leurs campagnes de tir au camp de Caylus.
Le moins qu’on puisse dire c’est que j’ai été très bien accueillie -même si certains ont fait de mignonnes brimades à Tigrou, qui s’est retrouvé hissé au mat des couleurs, et s’est bien vengé ensuite-. J’ai donc documenté les quelques jours de la campagne de tir qu’il m’a été donné de suivre: les footings avec le matériel sur le dos, la pesée des cartouches, le tir Hécate, FRF2, FAMAS, les progressions… et surtout, le tir de nuit !

Si vous avez l’habitude de lire ces colonnes, vous savez sans-doute que j’aime faire des photos de nuit (et j’ai de la chance, j’ai des clients qui aiment me faire travailler la nuit!) Notamment au tout début de la nuit pendant la fameuse « heure bleue » chère aux photographes de paysage. Mais là, mon objectif était nettement plus terre-à-terre (et fun!) je souhaitais immortaliser les gaz enflammés qui projettent la balle à plusieurs centaines de mètres (appelez ça un petit plaisir de photographe techno-geek si vous voulez). Problème: cette combustion est -hyper- fugace, elle n’émet donc que très peu de lumière, trop peu pour être bien visible le jour. Solution : travailler avec nettement moins de lumière ambiante, par exemple, de nuit.

Voilà donc la raison du tir de nuit, pourquoi au Hécate ? Parce que ce fusil est français qu’il a une bonne gueule et que les TE l’aiment beaucoup ? Oui, aussi, mais surtout parce qu’en en parlant avec quelques tireurs, on m’a vendu le Hécate comme étant « un bon client coté flammes qui sortent du frein de bouche ». Il restait donc à organiser ma prise de vue, avec la complicité de la STELD, mais dans le souhait d’impacter au minimum leur entraînement: ils se préparaient pour un challenge de TE quelques semaines plus tard et il n’était pas question de nuire à leurs résultats (qui furent fort bons: bien joué!).

Comme à chaque fois qu’il s’agit de tir, la première contrainte qui m’est imposée est celle de la sécurité (la mienne, celle du tireur, du matériel): je poserai donc mon boitier sur un trépied devant les fusils (mais pas dans l’axe, quand même!) je choisis mon cadre et je me munis d’une télécommande qui me permettra de déclencher mon appareil à distance, sans être moi-même dans la zone de danger.

Je choisis ensuite mes paramètres d’exposition à l’aveugle, en anticipant les conditions de lumières qui seront celles du tir. C’est pas forcément simple, mais quand les calculs sont bien faits, le résultat est chouette !

Ici par exemple, mon objectif est d’avoir un temps de pause « un petit peu long pour être sûr d’avoir le tir alors que je ne sais pas précisément quand le TE déclenche » mais « pas trop long sinon la photo ne sera pas nette parce que même si il bouge peu, le tireur bouge » sans oublier « suffisant pour faire rentrer de la lumière ambiante et éviter que la photo soit noire sur 95% de sa surface ». D’un autre coté, il ne faut pas que les très ponctuels gaz enflammés « brûlent » mes blancs puisque bien trop lumineux pour mon capteur: donc je choisis une sensibilité ISO minimale, c’est souvent le cas quand je travaille sur pied, pour avoir peu de bruit, mais aussi, ici, pour éviter une surexposition des flammes. Je me décide donc pour un trio 4 secondes à 200 ISO et un diaphragme à pleine ouverture.

Tir de nuit au PGM Hécate II [Ref:4317-20-1500]

Tir de nuit au PGM Hécate II [Ref:4317-20-1500]

EXIF | Appareil: Canon EOS 5D Mark III | Date: 31/05/2017 | Focale: 40mm | ISO: 200 | Ouverture: ƒ/2.8 | Vitesse: 4s | Copyright: Sandra Chenu Godefroy - Photographe d'action |

Et ensuite j’attends, sans possibilité de vérifier mes photos ou de modifier mes réglages jusqu’à la fin du tir en cours ! Bon d’accord il s’agissait tout au plus de tirer une dizaine de cartouches, mais comme il s’agit de tir de précision, les tireurs prennent leur temps, et je n’ai pas d’autre choix que de prendre mon mal en patience. Pendant ce temps, j’observe: l’intensificateur de lumière qui est dans leur viseur positionne une tache lumineuse sur l’œil du tireur, et j’espère qu’elle n’est pas trop ténue pour être immortalisée par mon 5D. Au final après de bien longues minutes d’attente, je découvre mes photos, en tout petit sur la vitre arrière de mon boitier. Elles sont trop petites pour que j’en vérifier la netteté, mais je vois déjà mon exposition, qui apparaît correcte… et les volutes de flammes qui sortent de la bouche du canon, mission réussie !!

Anne-Gaëlle, élève commissaire des armées

Anne-Gaëlle, élève commissaire des armées

#OctobreRose #GirlPower

Un tirage de cette photo est à découvrir du 1er au 31 octobre en compagnie de bien d’autres créations d’artistes dans le cadre de l’exposition Octobre rose organisée par l’hôpital d’instruction des armées Bégin. Mais pour ceux qui ne pourraient pas se déplacer à Saint-Mandé, voici la petite histoire de cette photo…

14 juillet 2016. Il n’est pas encore 6 heures du matin tandis que je remonte à pied la plus belle avenue du monde. De part et d’autre de la route, déserte pour l’occasion, les mêmes barrières de chantier délimitent les espaces ouverts au public. Sur les colonnes Morris, je remarque en souriant l’affiche de l’exposition consacrée à Barbie au Musée des arts décoratifs.

Difficile de passer à coté de cette calligraphie rose vif, même après une nuit trop courte et un réveil bien trop matinal.

Je me souviens avoir trouvé presque sympathique de consacrer une exposition à ce symbole. Et pourtant, fille de féministe, je n’ai jamais développé d’affection particulière pour ces poupées emblématiques. Aujourd’hui femme affirmée évoluant dans notre société occidentale, voir Barbie au musée à un coté rassurant: on montre dans ces endroits les choses importantes, mais surtout, les choses d’un autre temps.

Bien vite, mes pensées seront interrompues par l’arrivée des premiers bus de troupes, des chars et des véhicules blindés qui viennent s’aligner et apportent chacun leur lot d’uniformes, de parures et de médailles. Ces préparatifs juste avant le défilé sont une expérience formidable pour la curieuse que je suis: autant de gens, autant de petites histoires, d’anecdotes, de moments de vie… Je marche d’unité en unité, de régiment en base aérienne, de frégate en école, et croise autant de visages que d’émotions.

Mes pas me portent jusqu’au détachement de l’école des commissaires des armées. Les cadres ont fait aligner les élèves, dans quelques minutes, ils descendront les champs Elysées. Pour tous, le moment est solennel. Mon regard se pose sur une jeune femme, le regard perdu dans le vague. Elle est blonde, et a choisi de porter cet uniforme bleu marine. Derrière elle, je retrouve cette affiche et l’ombre rose de Barbie. Et je déclenche.

Chacun choisira ce qu’il veut voir dans cet instant suspendu.

Anne-Gaëlle, élève commissaire des armées [Ref:4516-23-0530]

Anne-Gaëlle, élève commissaire des armées [Ref:4516-23-0530]

EXIF | Appareil: Canon EOS 5D Mark III | Date: 14/07/2016 | Focale: 278mm | ISO: 1000 | Ouverture: ƒ/5 | Vitesse: 1/640s | Copyright: Sandra Chenu Godefroy - Photographe d'action |

Une démonstration des capacités des forces armées terrestres

Une démonstration des capacités des forces armées terrestres

#AdTShow

J’avais gardé quelques souvenirs sympas de « démonstrations capacitaires » faites devant l’IHEDN aussi quand on m’a proposé d’assister à cette présentation 2018, j’ai accepté immédiatement ! Parce que ça reste une démo, donc « du chiqué » mais vu l’aura et l’importance de l’IHEDN aux yeux des militaires, autant dire que pour cette démo-là, de gros moyens sont mis en oeuvre et forcément… le résultat est au rendez-vous !

C’est ainsi que sur trois tableaux successifs, les forces de la 1ère Division ont présenté la globalité du spectre d’engagement de l’armée de Terre, sur le territoire national, lors d’un conflit asymétrique ou d’un engagement majeur entre états. Bien sûr, les hélicoptères ont eu la part belle de cette démo, pour le plus grand bonheur du public, notamment quand les forces spéciales du 1er RPIMA sont descendus en corde lisse d’un Caracal…

Pour ma part, mon coup de cœur est allé à l’assaut final des troupes d’infanterie sous un déluge de tirs de fumigènes.

Assurément un moment qui -je l’espère !- ne devrait plus se produire dans notre histoire contemporaine, mais qui rappelle de façon très simple l’origine de cette dénomination de « troupes de mêlée », ainsi que l’engagement et le courage demandé aux fantassins.

* en plus, comme à son habitude Tigrou s’est fait des amis !