Reporter-Photographe

Derrière les images

Covid19 : puisque je sers à rien, pourquoi aller quand même en reportage ?

Covid19 : puisque je sers à rien, pourquoi aller quand même en reportage ?

J’ai choisi jusqu’à présent de consacrer mon travail photographique à la documentation du travail de « servants d’état » de plein de métiers différents, dans plein de missions différentes et quasiment autant d’uniformes. Parce que ça fait sens à mes yeux, tout simplement.

De prime abord, quand le président français a annoncé le confinement total, la fille disciplinée que je suis s’est confinée : mon activité n’est pas essentielle, loin de là ! Je ne nourris personne, je ne protège personne, et je ne concours pas, même de façon très lointaine ou capillotractée, à soigner des gens ! Je ne sers à rien.

J’ai eu beau me rappeler cette discussion de l’année dernière avec une cliente et amie, Ludivine, qui s’était terminée par un véritable plaidoyer de sa part pour l’art et sa capacité à permettre aux gens de s’évader, de se projeter… Mon intime conviction, était tout de même cette inutilité notoire. Pour ceux qui ne le sauraient pas, je ne me considère pas comme une « artiste » et… je ne suis pas vraiment certaine que mon travail soit de l’ « art » -sorry Jean Michelin 🙂 –.
Et cela ne me pose aucun problème ! Tout cela sonne tellement faux comparé à la simplicité et à l’évidence de mon métier :
Raconter en images les histoires d’autres gens.
Rien que ça : c’est à la fois tout et pas grand chose.
Et moi je trouve ça super chouette.
Mais ça c’est pas vital. C’est vrai aussi.

Enfin quand même, pour l’histoire, pour demain, pour la Grande Histoire, celle qui sera écrite dans les livres, avec ses décideurs, sa chronologie et ses chiffres… et bien ça compte, un petit peu, ça permet de se représenter un peu mieux, de mettre des visages, des gens anonymes. Et, honnêtement, l’idée de « lâcher » ces gens que je suis et qui m’accueillent avec bienveillance, en tout temps, en tous lieux, depuis tant d’années, là, maintenant, en pleine crise… Au moment où quelque chose de vraiment important se jouait pour eux, et qui laissera probablement une empreinte durable dans leur vie.. Et bien il ne m’était pas très agréable de voir ma tête dans la glace le matin.

Les photographes sont sur le terrain et rendent visible l’invisible

Puis j’ai vu dans mon fil instagram les publications de Dimitri Beck qui repostait le travail de -très bons- photographes avec toujours ces mêmes mots en préambule « les photographes sont sur le terrain et rendent visibles l’invisible ». Je ne sais pas si mon œil a été retenu par la faute d’orthographe, mais cette phrase m’a interpellée. Et j’ai envoyé dans la foulée un mot à l’hôpital Bégin, pour suivre ses équipes durant cette crise. En me disant que ça ne passerait jamais : un hôpital en période d’épidémie, militaire qui plus est, et pour y passer du temps, vraiment, donc en autonomie… Même pas en rêve !

Mais si il ne devait y avoir qu’un endroit où j’avais une toute petite chance de ne pas être vue comme un charognard venu se repaître d’images glauques et du malheur des gens : c’était là, parce que j’y étais un tout petit peu connue. Parce qu’il y a deux ans, l’hôpital avait exposé mon reportage au temps long sur Sentinelles, et qu’à l’époque, j’avais souhaité faire quelques portraits des soignants de l’hôpital, pour les exposer à côté de mes soldats en noir et blanc.
Et j’avais fait ces portraits, et donc rencontré ces gens.
Et puis un jour, j’ai eu ce retour -inespéré- de Carole, l’officier communication de l’hôpital : c’était oui. Je n’en revenais pas, la direction de l’hôpital acceptait ma venue. Sur le temps long.

J’étais tellement convaincue d’avoir envoyé cette demande juste « pour ne pas avoir de regrets » que j’en avais oublié ce qui fait le socle de mon métier de photographe : préparer, anticiper, prévoir !! J’avais rien prévu ni préparé. Que dalle. Et puis les hôpitaux et moi, en vrai, on est pas super copains : moins j’y vais mieux je me porte, donc je dois bien le dire, je les connais pas bien. Trop peu pour faire un bon reportage dessus, donc. Je sais juste que ces dernières années à chaque fois qu’en suivant des secouristes j’arrivais aux urgences il y avait force panneaux et pancartes et brassards de grève. Et que -chose surprenante pour moi, parce que les manifestants, je crois que je connais un peu- j’y ai toujours vu des slogans réclamant des moyens pour l’hôpital et pas des augmentations pour le personnel (#DealWithIt ceux qui se mettent en grève maintenant… #OnVousVoit)

Mais je m’égare, l’hôpital, donc. Je connais le CHU Grenoble Sud, qui a récupéré à la petite cuiller la jeune iséroise aventurière que j’ai été, un trop grand nombre de fois. Que je me suis juré d’éviter ensuite, non pas parce que la bouffe est bof, mais parce que bon être jeune et conne, ça ne dure qu’un temps. Donc l’hôpital et les gens qui y travaillent, je vois ça de très, très, loin !! Et oui, je trouve ça cool qu’ils soient célébrés par les confinés à 20h tous les soirs, mais sans savoir réellement « Pourquoi ?! » en dehors de ce très théorique « ils se battent pour nous tous et essayent de sauver des vies »

Qu’à cela ne tienne, les militaires et moi avons au moins ce point commun là : anticiper tout ce qui peut s’anticiper… Et s’adapter au reste ! Va pour l’adaptation donc.
L’expérience m’a rendue pas trop mauvaise dans cet exercice.
Advienne que pourra…

Reportage sur le travail des personnels soignants et soutien de l’hôpital HIA Bégin durant la crise du Coronavirus.

Se montrer à la hauteur de l’engagement de ces gens

En vrai, je suis inquiète pour mes proches aussi, inquiète d’augmenter le risque pour eux d’être contaminés, par ma faute.. Même si je suis scrupuleusement les consignes de désinfection de l’affreux nounours Stéphane Bommert, que vous connaissez sans doute comme ce copain photographe d’action talentueux qui me branche à chaque fois qu’il peut, mais qui a aussi été infirmier en réa dans une autre vie ! Et même si les cadres et le personnel hospitalier sont aux petits soins pour moi et me donnent tous les moyens de travailler en sécurité (et oui, je culpabilise d’utiliser un masque FFP2 « pour rien » et ça m’a soulagée d’entendre le Padre de l’hôpital me dire qu’il ressentait cette gêne aussi hier matin #MerciPadre).

Mais ce qui compte vraiment : c’est que je suis honorée par la confiance qui m’a été faite. Et que je ne souhaite qu’une chose : m’en montrer digne, et être à la hauteur du travail et de l’investissement personnel de tous ces gens que l’on connaît de façon si lointaine !

#MerciAEux
#ToBeContinued

Prenez soin de vous, et de ceux qui vous sont chers … ces mots n’ont jamais été aussi pleins de sens, vraiment ! Et #RestezChezVous

Suivez l’actualité de l’HIA (pour Hôpital d’Instruction des Armées) Bégin par ici :
https://mobile.twitter.com/hiabegin

Et celle du service de santé des armées par là :
https://mobile.twitter.com/santearmees

Les photographes et leur Business Model

Les photographes et leur Business Model

Je continue sur ma lancée, ce confinement total aura au moins été l’occasion de prendre le temps de rédiger cet article de blog que « je dois absolument écrire » depuis… au moins tout ça. Je ne vais pas vous bassiner avec le Covid-19, mais puisque nous sommes dans l’incapacité de réaliser certaines des tâches liées à notre métier de photographe (dont la plus essentielle: photographier !) autant nous concentrer sur celles qui nous restent possibles.

Parmi ces tâches toujours possibles, certaines sont évidentes: la retouche, l’editing, le légendage, la réalisation de sauvegardes; pour autant, je pense que la période pourrait-être l’occasion de réfléchir à sa stratégie professionnelle. Je parle de stratégie à dessein, fréquentant assez les militaires pour différencier ce qui tient de la stratégie et ce qui tient de la tactique… Or nous, photographes, ne prenons pas assez le temps d’élaborer des stratégies d’ensemble, trop occupés à gérer les urgences du quotidien: tout au plus adoptons nous quelques tactiques, ponctuellement, dans l’idée d’en tirer un résultat visible, assez rapidement.
Avoir une stratégie, pour bien des artistes, c’est un gros mot. Ne pas en avoir, pour un entrepreneur, c’est une hérésie. Être un photographe indépendant, c’est avoir deux casquettes, l’une d’ « artiste » (ou d’auteur ou de créateur, chacun choisira son étiquette) et l’autre de chef d’entreprise. Cet article a donc pour but de partager avec vous le meilleur outil pour définir votre stratégie de photographe indépendant: un Business Model Canvas (oui le terme est d’origine, et je sais qu’il en effraie plus d’un, mais calmez-vous il n’y a vraiment pas de quoi fouetter un Tigrou).

Avant de partir photographier, on s’équipe, et bien avant de lancer son activité de photographe indépendant, on réfléchit à sa stratégie , c’est pareil !

Quel business model pour un photographe ?

Ca fait 10 ans que je suis photographe indépendant, et je n’avais ni fortune familiale particulière ni aucun entrepreneur parmi mes proches quand je me suis lancée. Donc quand, après une courte expérience de photographe salariée, j’ai voulu m’installer en tant qu’indépendante (aux grand dam de mes proches, tous salariés ou fonctionnaires !) j’ai fait ce que faisait une fille consciencieuse et paumée. J’ai lu des bouquins, assisté à des conférences sur la création d’entreprises, posé des questions à mon conseiller Pôle Emploi, et même pu suivre un mini parcours de « créateur d’entreprise » financé par le même Pôle Emploi (comme quoi, oui, il peut servir!). Après avoir glané toutes ces informations sur le « comment faire », j’ai passé la porte de l’Union des Photographes Professionnels (dont j’étais membre, depuis mes études en école de photo !) et dans ma grande naïveté, j’ai demandé au photographe qui animait la réunion dédiée aux débutants (très expérimenté et déjà un peu âgé) les informations qui me manquaient pour construire mon business model.

Je crois que je me rappellerai longtemps la tête estomaquée de mon interlocuteur: j’avais osé parlé argent, cash, comme ça ! Il ne me l’a pas dit franchement, mais il n’était pas vraiment prêt à partager avec moi les informations « vitales » à l’établissement de ma future entreprise. Sans doute parce que s’il le faisait, il aidait un concurrent à s’établir… Pas moyen donc de savoir quel était son prix de vente à la journée ou la demi-journée ou combien de jours il travaillait par an. Mais ma curiosité et mon franc-parler l’intriguèrent, et c’est lui qui me questionna ensuite sur le « pourquoi » je voulais savoir tout ça. Et je lui racontais que je remplissais actuellement mon business model pour demander de l’argent à la banque et pouvoir m’installer en tant qu’indépendant.

Mes explications l’ont bien fait rigoler, il m’expliqua donc que « le buzinesse model » d’un photographe (attention à l’intonation particulière pour bien montrer le coté incongru de l’emploi de ce terme par un photographe) c’était simple: « mettre 3 sous de coté, aller faire des photos, rentrer, essayer de vendre les photos, et de gagner un peu plus que 3 sous, avec ces sous, se rembourser, repartir faire des photos, et essayer de gagner un peu plus etc. ». A cette occasion, il me livra le seul authentique bon conseil de cette réunion-là (parce que bon, son concept de business-model, déjà à l’époque je l’avais senti moyen-moyen) en me dissuadant d’aller demander de l’argent à une banque puisque de toutes façons les banques nous considéraient comme une profession à risque et ne nous prêteraient pas d’argent. C’est pas toujours tout à fait vrai, mais oui mettez des sous de coté avant de vous lancer parce que les banquiers qui prêtent des sous pour créer un business de photographe ça n’est pas la majorité du genre (ça se calme après, quand vous aurez fait vos preuves…).

S’inspirer des modèles d’autres indépendants

A l’époque, j’ai compris qu’aller chercher de l’info auprès de photographes qui avaient trois fois mon âge et qui s’étaient lancés pendant l’âge d’or de la photo n’était pas très pertinent. Quand ils se sont établis, toute la difficulté était d’économiser assez pour avoir les moyens de s’acheter un matériel photo très coûteux au départ, ensuite le prix élevé du matériel photo les assurait, puisque rares étaient les personnes qui en disposaient, d’avoir des commandes régulières de la part de tout ceux qui avaient besoin d’images sans avoir à réaliser d’action commerciale particulière.

Je suis donc allée chercher de l’information auprès d’autres gens: j’échangeais sur les forums avec des jeunes créateurs dans le domaine artistique et web, je suivais les blogs marketing de photographes de mariage (qui étaient largement en avance sur la population de photographes en général) et… je suis allée prendre conseil auprès du meilleur ami de mon petit frère, qui terminait sa scolarité au sein d’une grande école de commerce (qui a été assez gentil pour ne pas me chambrer pour ça, alors que je m’étais allègrement moquée de lui quand il avait choisi cette voie). Avec leurs conseils, en tenant compte de l’expérience de tout ces gens, je me suis lancée. Les débuts n’ont pas été très simples, mais en gardant à l’esprit ce qui est devenu mon leitmotiv depuis « anticiper ce qui peut être anticipé, et s’adapter au reste » donc en étant très réactive et en faisant des points réguliers sur ce qui avait marché ou pas dans mon activité. Je me suis améliorée. Et je suis devenue photographe professionnel. Vraiment.

Anticiper tout ce qui peut être anticipé, et s’adapter au reste

Je pense ensuite être devenue une meilleur photographe au fil du temps, pas tant dans ma réalisation de photos, que dans le service que j’apportais aux clients qui acceptaient de me faire confiance. Parce qu’après être rentrée dans ce métier « parce que j’aimais faire de belles photos et je voulais en faire mon activité quotidienne » j’ai progressivement compris que mon métier c’était « apporter des réponses aux problématiques de mes clients en construisant des photos pour eux ». Mon métier est souvent vu comme celui d’appuyer sur un déclencheur par le grand public, mais comment l’en blâmer quand mon but à moi c’etait « juste de faire des photos » ? C’est ainsi que j’ai découvert par la pratique ce que les créateurs d’entreprise appellent la proposition de valeur, qui est la base sur laquelle se construit tout business sérieux et durable, dans le domaine de la photo comme dans celui de la maçonnerie ou de l’élevage de chevaux de course.

La proposition de valeur au centre du business model

Souvent, on pense que les photographes « qui ont du talent » réussissent, et par voie de conséquence, ceux qui n’en ont pas échouent. Ce qui me gêne dans cette pensée est que bien souvent on envisage le talent comme étant seulement un « talent artistique » of course. De plus, il y a une sacrée différence entre « avoir du talent » et « voir son talent reconnu »… Et l’expérience m’a conduit a remarquer que des photographes moyennement talentueux ne réussissent jamais « moyennement », certains réussissent, bien, voir même très bien, et d’autres échouent, parfois de façon dramatique. La répétition de ces expériences m’a convaincu que ça n’était pas « le talent artistique » qui permettait d’être photographe professionnel, mais plutôt « le talent professionnel ». Ce talent là ne tient qu’à une chose: ne pas faire tourner tout son monde professionnel autour de soi, mais autour de ses clients. Ce sont eux qui payent, et comme vous, quand vous êtes dans la position du consommateur, vous voulez acheter quelque chose qui vous correspond, pas quelque chose qui plaît au vendeur.
C’est la raison pour laquelle la 1ère des 5 feuilles de mon Business Model Canvas est dédiée à vos clients et je vous conseille de commencer à le remplir par là.

Quel business model canvas adopter quand on est photographe indépendant ?

Téléchargez le Business Model Canvas pour le photographe indépendant

Business Model Photographe Page 1: Qui ?

Dans cette page qui se positionnera en haut à gauche de votre Business Model Canvas de photographe, vous aurez trois cadres à remplir, plutôt dans cet ordre:

Business Model : Qui sont les clients du photographe indépendant ?

  • Les segments clients : par grande catégorie, il s’agit d’identifier les gens qui vous achèteront des photos, des droits ou des prestations.
  • La relation client : en fonction des segments clients, devinez (ou demandez-leur) quelle type de relation client est attendue de votre part. Bien sûr un post-ado de 20 ans et une dame de 60 n’attendent pas des marques dont ils sont clients les mêmes relations.
  • Les canaux de communication :en fonction des segments clients, et de ce que vous supposez être leur type de relation client préférée, déterminez les moyens de communication à privilégier (le téléphone, le mail, l’échange en présentiel, les réseaux sociaux, l’emailing, à quel rythme etc.).

Cette page est à remplir en boucle jusqu’à obtenir une « formule » segment/relation/canaux pour chaque segment client que vous considériez comme satisfaisante. Il est temps alors de passer en page 2: Pourquoi ces clients feraient-ils appel à vos services de photographe ?

Business Model Photographe Page 2: Pourquoi ?

Vos clients auront besoin d’une bonne raison pour faire appel à vous, et cette raison ne sera pas un truc artificiel hors-sol qui flatte votre égo ! Non cette raison sera qu’ils auront un problème ou un besoin que vous pourrez résoudre, diminuer ou satisfaire pour eux. A vous de déterminer les bonnes raisons qui pourraient vous concerner. Vous aurez toujours trois cadres à remplir, plutôt dans l’ordre suivant :

Business Model : A quel besoin répond le photographe indépendant, quelle solution apporte-t'il ?

  • Le problème/besoin : conservez la notion de segments de clients, et segment par segment, déterminez quels sont les problèmes ou besoins qu’ils peuvent rencontrer et pour lesquels vous pourriez les aider.
  • La solution : bien sûr, après avoir fait une liste de problèmes, à vous de mettre en face des pistes de solutions que vous pouvez apporter à chacun des ces problèmes.
  • Mes atouts : Ceux qui ont un peu potassé le sujet savent que cette question vient du Lean Startup Canvas, mais elle est on ne peut plus adaptée aux activités artistiques. Dit de façon prosaïque écrivez quel est « votre truc en plus qui fera qu’on fera appel à vous plutôt qu’à un autre ». On ne choisit pas un photographe comme on choisit un plombier (celui qui a le devis le moins cher ou le délai le moins long) inscrivez dans ce cadre ce qui vous rend unique.

La encore vous pouvez tourner et retourner dans cette page autant que nécessaire pour peaufiner votre formule (et à mon sens, réalisez une vraie réflexion sur vos atouts, c’est la meilleure chose qui vous protègera d’une concurrence qui pratiquerait un dumping des prix par exemple). Quand vous en avez fini, avancez en page 3: Comment faire tout ça ?

Business Model Photographe Page 3: Comment ?

C’est la concrétisation des 2 pages précédentes, comment informer vos clients, réaliser les solutions qui répondront à leurs problèmes. Il faut donc dresser des listes de ce dont vous avez besoin.

Business Model : Quelles ressources-clés et activités essentielles pour le photographe indépendant ?

  • Les ressources clés : Quels sont les moyens matériels et techniques dont vous avez besoin pour assurer à vos clients ce que vous avez écrit dans les pages précédentes.
  • Les activités clés : Quelles sont les actions concrètes sur lesquelles est basée votre entreprise: photographier, bien sûr, mais encore, si il s’agit de transmettre des photos retouchées au client il faut pouvoir les retoucher, si vous voulez offrir un accompagnement particulier à vos clients il faut le prévoir, etc.
  • Les partenaires clés : Vous serez sans doute obligé de ne pas avoir toutes les ressources et activités nécessaires dans votre périmètre mais d’en externaliser certaines, et dans ce cas, il faut absolument que vous puissiez compter sur des partenaires fiables et qui correspondent à votre niveau d’exigence. Cela peut être un retoucheur, un comptable, un laboratoire de tirage photo etc.

En terminant cette feuille vous devez savoir « comment faire » pour assurer aux clients que vous avez identifiés la/les solutions que vous avez identifié. Vous pouvez donc avancer en page 4: Combien ça coûte et combien ça rapporte ?

Business Model Photographe Page 4: Combien ?

On garde le plus désagréable pour la fin, mais c’est le nerf de la guerre, donc cette page est capitale pour la bonne marche de votre structure, déterminez ce qui sera vos coûts, quelle sera votre tarification et comment sera votre flux de revenus.

Business Model : Quelle structure de coûts et quel flux de revenus pour le photographe indépendant ?

  • La structure de coûts :Dressez la liste de vos coûts et leur rythme. Vous pouvez vous aider en cela du document Cost Of Doing Business de l’UPP (qui s’est bien modernisée depuis mon passage dans ses murs… et c’est une excellente chose !)
  • La tarification et les volumes :Il y a tant à dire sur cette case que je ne peux pas rentrer dans le détail, mais j’ai déjà fait pas mal d’interventions sur ce thème notamment au salon de la photo que je vous invite à revoir dans les replays UPP. Pour établir vos tarifs de prestations vous pouvez vous baser sur le calculateur UPP et pour les cessions de droits sur les barèmes UPP.
  • Les flux de revenus : Je le mentionnais déjà dans l’article que j’ai consacré à la trésorerie des photographes, savoir quels sont les flux de revenus et anticiper leur rythme est absolument nécessaire pour bien mener sa barque et éviter les surprises.

Voilà pour ce qui est de la partie argent. Félicitations, en théorie, pour être arrivé là, vous avez déjà du essorer votre cerveau quelques heures, mais ce n’est pas fini, il reste la cerise sur le gâteau, en vrai, tout ce que vous venez de faire ne sert à rien… à rien d’autre que de remplir la 5ème et dernière page, au centre de votre business model: Quoi ?

Business Model Photographe Page 5: Quoi ?

Business Model : Quelle offre de valeur pour le photographe indépendant ?

Toutes ces pages n’avaient pour seul but que de vous permettre de définir précisément votre proposition de valeur, celle qui répond aux problèmes et besoins de vos clients, qui leur est communiquée par les bons canaux, qui fait appel à certains partenaires vitaux, vous coûte des frais identifiés et vous rapporte un revenu dont vous avez quantifié les flux et les volumes.
Félicitations, vous êtes arrivés au bout. Ce n’est que le début du voyage, comme vous l’aurez sans doute remarqué, les quatre premières pages sont chacunes en lien avec la 5ème, et c’est en réalité la clef de voûte de votre BM. Une fois votre proposition de valeur écrite, il faudra peut être remonter dans l’une ou l’autre des pages, pour ajuster votre business model de façon à ce que toutes les pages se répondent et s’emboîtent parfaitement. Cela peut prendre des heures et des journées, alors ne faites pas tout d’un coup, revenez-y la tête plus claire demain, étudiez-le à plusieurs (pourquoi pas avec l’un de vos partenaires-clés identifiés en page 3 ?)
Et surtout, n’oubliez pas de revenir à votre business model tout au long de votre activité, il « glissera » naturellement vers un aspect ou un autre de votre offre, en fonction de vous, de vos clients, du marché. Vous pouvez donc vous fixer une échéance régulière à laquelle vous ressortez le BM de vos cartons, le relisez et l’ajustez si besoin.

J’espère que cet article aura été utile autant à ceux qui veulent s’installer en tant que photographe qu’à des photographes plus expérimentés qui n’avaient pas pris le temps de réfléchir posément et d’écrire leur stratégie professionnelle. Je crois que c’est vraiment essentiel quand on est travailleur indépendant, profitons du fait d’être bloqués pour nous y mettre !

Le photographe indépendant et sa trésorerie

Le photographe indépendant et sa trésorerie

Voilà, le COVID-19 est là, bien installé. On est tous confinés chez nous, prisonniers de notre propre intérieur. Certains prennent ça comme des vacances forcées et bouquinent ou regardent Netflix, mais souvent, ils ne sont pas indépendants… Quand je décroche mon téléphone, je suis confrontée à deux types de réactions chez mes confrères photographes: les inquiets et ceux qui s’adaptent.

Il y a ceux qui sont inquiets : ils ont eu des annulations de commandes, et les délais de règlement des commandes déjà réalisées vont s’allonger, donc nous nous apprêtons tous à moins encaisser, voir pas du tout. Et il y a ceux qui font contre mauvaise fortune bon cœur, on est tous logés à la même enseigne, il faut y passer et nous au moins, en tant qu’indépendants, le confinement ne nous fait pas découvrir l’isolement; alors tant qu’a être confinés c’est l’occasion d’avancer ses dossiers de fond, et de faire un travail intellectuel honnête sur notre activité puisqu’on est pas la tête dans le guidon du « comme d’habitude ».

Dans ce moment compliqué, la seule question que je pose aux copains indépendants qui m’appellent c’est « est-ce que tu as trois mois de trésorerie sur ton compte en banque au cas où ?« . Parce que ne nous voilons pas la face: on va être confinés durant un mois à l’heure où j’écris ces lignes, sans doute plus longtemps au final, et il faut se préparer intellectuellement à ce que durant ce temps, non seulement aucun client ne nous passe de commande, mais aussi que nos commandes déjà réalisées ne soient pas réglées (parce que les services comptables de nos entreprises clientes tourneront moins bien ou pas du tout). Et pendant ce temps là, il faudra pourtant continuer à payer toutes nos charges et frais professionnels, et continuer à payer son loyer et remplir son frigo.
Moralité: on va dépenser de l’argent, que nous n’aurons pas gagné… il y aura donc problème.

J’en entends certains évoquer le fait d’emprunter de l’argent à la banque pour passer le cap… je suis pas hyper fana de l’idée (parce que cet argent il faut le rembourser plus tard, avec des intérêts) mais bien sûr, quand on a pas le choix, on n’a pas le choix. Pour la même raison, je signalerai aimablement à ceux qui me lisent que jusqu’à présent les mesures évoquées par notre président, report des charges URSSAF et possibilité de diminution de l’acompte pour les impôts personnels… ne sont pas des « cadeaux »: juste une facilité de règlement, ce que vous ne paierez pas pendant le Covid-19, vous le paierez quand même, mais après. Et après, ce sera le moment où, l’activité reprenant, vous aurez déjà à sortir pas mal d’argent pour pouvoir assurer la production de vos commandes… qui ne vous seront payées que plus tard (ce qui met déjà intrinsèquement votre trésorerie en tension).

Tout est histoire de trésorerie

Alors voilà, je n’ai pas la prétention d’être comptable (la compta me gonfle, comme à peu près 100% des indépendants) seulement, la photo est un sport de riche, notre matériel est coûteux et notre activité nécessite de dépenser de l’argent pour produire. Donc il faut considérer cette donnée « argent » dans notre façon d’envisager une activité de photographe professionnel (et oui, je le répète, ce n’est que ça et en aucun cas le talent qui nous distingue des photographes amateurs !). Ça ne fait pas de nous de moins bons artistes, ça fait juste de nous des professionnels pragmatiques qui se donnent les moyens de réaliser leur art et d’en vivre.

Donc, pour avoir les moyens de faire ce métier de photographe il faut de l’argent pour payer deux grandes catégories de choses:

  • les investissements déjà, il s’agit alors de dépenses plutôt coûteuses, mais dont nous pourrons profiter longtemps (le matériel photo ou informatique par exemple, qui nous servira plusieurs années);
  • et les frais/charges, ce sont des dépenses souvent moins importantes, certaines sont régulières ou récurrentes (abonnement téléphonique/loyer), d’autres sont liées à notre activité (A/R pour un shooting, location de matériel) donc intrinsèquement variables.

Le temps de crise étant ce qu’il est, on va mettre entre parenthèse les investissements pour l’instant, considérant que nous photographes avons déjà investi au fil du temps dans le matériel qui nous permet de travailler dans de bonnes conditions, et que la période sera suffisamment courte pour ne pas faire d’investissement dans l’intervalle (Parce que si on « oublie » trop ses investissements, on peut avoir du matériel obsolète ou qui tombe en panne etc. donc ce n’est pas une attitude saine au temps long !).

Les charges du photographe indépendant

Concentrons-nous donc sur les frais et charges, pour ma part je les ai répartis dans 4 catégories:

  • Les charges fixes régulières: elles ne varient pas (presque !) et le plus souvent sont payées à échéance fixes, les abonnements web et mobile, l’acompte prévisionnel des impôts, le pass Navigo, les assurances, la mutuelle, les abonnements logiciels, le loyer, l’électricité, etc.
  • Les charges variables régulières: leurs échéances sont fixées, mais leurs montants varient selon ce que vous avez gagné sur une période précédente, les cotisations URSSAF et la TVA 4 fois par an, les cotisations IRCEC 2 fois par an, etc.
  • Les charges ponctuelles directement liées à la réalisation d’une commande: cela peut être les frais de déplacement pour un shooting, la location de matériel spécifique, etc. au moins celles-là, quand vous ne travaillez pas, vous ne les payez pas !
  • Les charges diverses: je range dans cette enveloppe tous les petits riens (qui s’additionnent !) qui sont nécessaires à votre activité pro, parfois ça va être payer le parking ou un café ou un Uber ou une ramette de papier ou une boite de stylos ou une clef USB… bref il y a trop de choses, ce sont jamais les mêmes et leurs montants sont trop faibles pour être décomptées une par une, mais il faut leur allouer une enveloppe globale quand même.

Je sais, ça peut faire peur comme-ça, mais toutes ces notes en couleur vous donnent des indications qui vous permettront d’utiliser au mieux ce tableau de pilotage de votre activité.

Je vous invite donc à identifier, par exemple à partir de votre comptabilité de l’année dernière (ça tombe bien, à cette époque-ci de l’année, normalement, vous devriez avoir pris le temps de bien mettre d’équerre votre compta 2019, pour pouvoir faire vos déclarations 2020 qui arrivent bientôt… sinon il n’est que temps, profitez-en!) les différentes charges que vous payez régulièrement.Pour vous aider dans cette tâche, je vous mets ci-dessous quelques items à checker:
Abonnements mensuels : téléphone, internet, mutuelle, Adobe Cloud, autres logiciels SaaS, comptabilité, site web, loyer (ou pourcentage de loyer), électricité
Paiements trimestriels : TVA, URSSAF
Paiements semestriels ou annuels : assurance RC, IRCEC, association de gestion agrée, prévoyance, hébergement site web et noms de domaines. Pour l’enveloppe à consacrer aux charges diverses, vous pouvez le faire au pifomètre, ou bien retirer de toutes vos dépenses 2019 (hors investissement!) les trois premières catégories de charges et diviser le résultat par 12 pour avoir une idée de la somme que vous allouez mensuellement à ce poste.

Une fois ce travail réalisé, et bien je vous invite à le reporter dans un tableau mensuel, ou bien que vous dessinerez vous même en fonction de vos besoins, ou bien en utilisant le mien que je vous propose de télécharger ci-dessous.

Tresorerie-pour-les-photographes-independants

L’objectif de ce tableau c’est de vous permettre de savoir quel est votre besoin de trésorerie mois après mois, et ainsi donc, de moins « naviguer à vue » en anticipant les dépenses importantes. Dans le cas particulier de l’épidémie de Covid, ça vous permettra aussi, en fonction de l’argent disponible que vous avez actuellement sur vos comptes (et en prenant en compte aussi la « rémunération » que vous prélevez mensuellement pour vous permettre de vivre, il faudra bien remplir son frigo et payer son loyer/pourcentage de loyer), de savoir si vous pouvez passer les 3 prochains mois sans rentrées d’argent sans problème particulier ou si il faut prévoir
1/ de diminuer votre acompte prévisionnel d’impôt et/ou de reporter vos charges URSSAF
2/ d’emprunter une somme d’argent pour vous permettre de passer la crise.

J’espère que cet article pourra être utile à quelques photographes en dehors du cercle direct de mes amis, on sait tous que la crise va être un mauvais moment à passer, que le risque est élevé pour les plus fragiles d’entre nous, qui ont des revenus assez faibles et pour qui l’activité photo représente leur métier et leur source de revenu. Alors on se soutient, on se parle par téléphone, Skype ou WhatsApp, on reste en contact, et on profite de cette mise au repos forcé pour sortir de la crise en étant de meilleurs professionnels qu’on y est rentrés.
Et si vous aussi vous avez de bons conseils à partager, réagissez ! #RestezChezVous #StopTheSpread #ConfinementTotal

D’ici là, suivez la veille et l’actualité de l’Union de Photographes Professionnels, qui intervient actuellement auprès du gouvernement pour obtenir une indemnisation et des conditions d’indemnisation réalistes pour les photographes qui seront fragilisés par cette crise (parce que pour l’instant 1500 euros sous réserve d’avoir une perte supérieure à 70% de son CA mensuel vis-à-vis de l’année N-1, vu les fluctuations naturelles de notre CA c’est pas du tout adapté).

Eviter les pièges du télétravail

Eviter les pièges du télétravail

Photographe indépendante, voici ce que je pourrai conseiller à ceux d’entre vous qui découvriront le télé-travail et l’isolement à cause du Covid19. Cet isolement ne sera pas vraiment une nouveauté pour moi puisque non, un photographe ne passe pas 80% de son temps en voyage mais plutôt 80% de son temps à son bureau. Je suis photographe indépendante depuis plus de 10 ans, donc ça fait un paquet de journées passées seule, voici les 3 pièges dans lesquels je suis allègrement tombée au cours de ces années et comment les éviter.

#LeCoupDeFlemme

En fait, je suis pas vraiment obligé de me lever ce matin ? -Si

Parce oui, étant photographe normalement constituée, je ne suis pas du matin (sauf quand il s’agit de faire des photos au lever du jour, parce que la lumière y est magnifique). Je ne compte pas le nombre de journées où, quand le réveil a sonné… je l’ai éteint, puis me suis rendormie. Et il n’y a pas de problème à ça, quand cela correspond vraiment a une fatigue énorme et a un besoin de repos authentique. Dans ma position, écouter mon corps est très important: c’est aussi mon outil de travail.
Mais pas pour un simple coup de flemme ou de pas envie. Parce que, très vite, on se décale et notre corps perd ses repères. Il est donc très important de choisir ses horaires (c’est ce qui est chouette en télétravail, vous avez une certaine latitude pour adapter vos horaires à vos impératifs ou à vos affinités) et une fois choisis, de s’y tenir.
Et en fixant un cadre temporel à votre activité professionnelle, vous sanctuarisez aussi un cadre temporel pour votre vie perso. Des temps de repas, des temps de sport, de détente et de vie avec ceux qui vous sont chers.

#LUniformitéDesJournées

Passer sa journée devant un ordi à faire les mêmes trucs c’est relou !

Et bien non, pas forcément. Certes, le télétravail passe essentiellement par l’ordinateur (et c’est parce qu’ils travaillent sur des ordinateurs que l’activité de nombre de salariés peut se réaliser par télétravail) mais ça n’est pas forcément d’un ennui mortel. Mon activité de photographe au bureau se partage entre une part de veille; de la paperasse administrative et comptable; des contacts clients; la retouche, le tri et le classement de mes images et la planification de nouveaux projets.
Parmi ces activités, certaines sont plus ou moins enthousiasmantes, et oui, je confesse volontiers une tendance à la procrastination, mais pour être plus efficace, je m’organise.
J’alterne des activités qui me plaisent plus ou moins, pour ne pas me démotiver. Si je réussis à rassembler assez de motivation pour faire ma compta, ce qui est très chiant et pas intellectuellement très satisfaisant, ensuite j’enchaînerai sur le classement d’images d’un reportage que j’aime vraiment bien ou sur de la planif’ de nouveaux projets, pour réveiller un peu mon cerveau.
J’alterne des activités d’autiste sans la moindre interaction avec qui que ce soit, avec d’autres qui nécessitent d’échanger avec des gens, envoyer des mails à mes clients, des RDV téléphoniques (ou en visio: aujourd’hui, on a tous des téléphones portables, un coup de whatsapp et on peut voir la tête de notre interlocuteur !).
En alternant les activités, en fonction de vos performances, mais aussi de votre entourage ou de vos envies aussi, le matin, le midi, l’après-midi, le soir, vous vous construirez une forme de routine, qui ne sera pas celle que vous aviez en entreprise mais qui structurera votre temps de travail.

Une activité « récompense » reprendre les dossiers de reportages anciens, rééditer leur contenu, et retoucher leurs plus belles images

#LeManquedInteractionsSociales

Bouhouhou chuis tout seul !

Alors oui, vous êtes habitués à faire la bise a Claudine et Gégé à la machine à café le matin en parlant des gosses ou de la dernière actu du moment. Ensuite, vous allez en réunion, vous déjeunez à la cantine, vous retournez au café, à la pause clope, et dans chacun de ces moments… vous n’êtes jamais seul. Et bien devinez-quoi ? Moi non plus !! Même si je suis seule à mon bureau, j’échange avec de vrais gens, parce que oui, bosser depuis chez soi peut isoler, donc il faut être vigilant.
Qu’est ce qu’un interaction sociale ? Je suis assez old school, donc ma relation sociale idéale, elle se fait à la terrasse d’un café, en claquant la bise ou serrant la main à mon interlocuteur, en écoutant les pauses et les petites modulations de sa voix, et toute la kyrielle de petits signaux non-verbaux qui font notre échange. Pour autant le covid-19 nous impose de ne plus avoir de relations physiques.
Qu’à cela ne tienne: n’étant pas géographiquement proche de mes collègues -et parfois aussi de mes proches- cela fait bien longtemps que j’ai appris qu’on pouvait se parler et même se comprendre sans partager aucune proximité physique. Cela nécessite, quand on utilise l’écrit, de rajouter quelques éléments de communication non-verbale pour indiquer à votre interlocuteur le « ton » de vos mots. Aujourd’hui, entre les smileys, les GIF, les hashtags, utilisés même dans un contexte professionnel, il y a du choix. J’avoue avoir été surprise la première fois qu’une cliente m’a glissé un smiley dans un corps de mail, mais au final, et sans abus, ça fait le job. Les SMS, les fils de conversation à plusieurs sur messenger ou whatsapp pour des conversations plus ou moins sérieuses (et donc qu’on relève à des moments différents) c’est un moyen de conserver un lien, de se tenir au courant de ce que font les uns et les autres, quand vous, vous êtes disponible pour recevoir ces infos.
Et puis on a toujours le verbal, seul par le téléphone, ou même par la vidéo (skype/whatsapp) qui a cet avantage de montrer un peu d’image avec le son, un peu plus de contexte, même si selon la bande passante, ça freeze un peu et c’est pixelisé. Rien ne vous empêche de passer un coup de fil a un collègue sympa, que vous ayez un prétexte, une question, « faire le point » ou même pas, juste pour un moment de blablatage à la machine à café, sans machine a café. Ça s’organise, et comme à la machine à café, il y a des gens qui sont plus ou moins fana, plus ou moins spontanés. Si ça n’est pas prévu, c’est quitte ou double, votre interlocuteur ne sera peut-être pas disponible, si c’est prévu c’est moins spontané. Mais dans tous les cas, ça fait du bien, alors n’oubliez pas de positionner ces moments dans votre journée !!

#MaRoutineAMoi

Vous l’aurez compris, l’important est de vous fonder une routine, qui ne sera sans doute pas celle du bureau, mais qui sera celle de votre télétravail. En variant les activités de votre journées, et en vous ménageant des moments pour l’interaction sociale.
Je vous présente la mienne: elle vaut ce qu’elle vaut, mais elle pourra être une source d’inspiration.

Dès le réveil, je lis mes mails importants, 8h si j’ai des coups de fil à passer à des institutionnels c’est le moment, puis 9H pour les coups de fil aux entreprises (Désolée chers clients et contacts chéris, maintenant vous savez pourquoi je vous emmerde toujours à vous appeler à l’heure de votre café matinal: oui, je le fais exprès, c’est pour vous trouver frais et dispo 🙂 ). Ensuite ou sinon c’est l’heure de mon sport, pour 1 à 2 heures, j’alterne selon les jours -et la masse de travail- mais ça me permet de conserver le moral et la condition physique nécessaire pour faire mon métier. Après ça, je réponds à mes mails (le fait de les avoir lu avant m’a permis d’y réfléchir sans y réfléchir… donc en général y répondre est plus facile). Je checke mes réseaux sociaux à ce moment là aussi, parce que oui, il faut y consacrer du temps régulièrement, outre le push de contenus, répondre aux questions des gens par exemple, voir ce que font les autres, réfléchir à ce qu’il pourrait être bien de publier.

Je déjeune quand j’en ai fini de ces activités matinales (parfois tard, vraiment, mais si je n’ai pas de rendez-vous l’aprem je m’en fous: en général je n’ai pas faim) je me fais une petite pause pour jouer à mes jeux débiles préférés ou pour faire un petit tour sur twitter (où je lis beaucoup trop d’ânes et d’âneries, mais quelques gens bien aussi, et ça compense).

Et l’après-midi, en fonction de ce dont j’ai besoin, je fais de la retouche photo/du classement, je mets à jour mon site web, puis j’avance mes planifications de projets (l’avantage de ces planifications, c’est que je n’ai pas besoin d’ordi pour ça, juste de jus de cerveau-papier-stylo, ça me permet donc de me reposer les yeux, et après avoir fait de la retouche ou du code, ça fait du bien). En fin de journée, une fois mes actions d’« artiste-autiste » réalisées, je renoue avec mon statut d’être humain en envoyant les mails nécessaires à mes clients et contacts (souvent après 18 heures, et c’est pas grave, mes interlocuteurs m’y répondent le lendemain matin !) éventuellement en passant quelques messages ou appels à des collègues-copains et parfois en publiant un truc pas trop con sur mes réseaux sociaux pro ou sur mon blog. Et je m’oblige à avoir fini à 20 heures grand max, toujours. Parce que sinon, ce que je gagne entre 20h et minuit, je le perds le lendemain en étant proprement improductive toute la matinée et parfois plus.

Si Tigrou réussit à se mettre au télétravail, vous le pouvez aussi !

PS: Et la compta dans tout ça (insérer ici le truc que vous n’aimez vraiment pas faire)? Et bien quand il faut vraiment, je la fais dès le matin, à la place du sport, des mails et des appels, et je ne fais QUE ça (parce que je n’aime vraiment PAS ça, donc je ne veux pas avoir à le refaire)
Vous savez tout… Et je ne doute pas qu’avec un peu de pratique, vous allez gérer ! #ConfinementTotal #StopTheSpread

Qui veut la peau des photographes ? 2/2

Qui veut la peau des photographes ? 2/2

Le pire ennemi des photographes…

Cet article est la seconde partie d’un bilan de mon passage au conseil d’administration de l’Union de Photographes Professionnels. Dans la première partie je faisais le point sur tous les dossiers sur lesquels j’avais eu l’occasion de travailler dans le cadre de mes fonctions, mais s’arrêter à cet inventaire serait incomplet.

Alors bien sûr tout n’est pas parfait

En 3 ans j’ai eu la tristesse de découvrir que l’UPP c’est aussi:

  • des CA à n’en plus finir pour le plaisir de certains d’enc*ler les mouches.
  • des mails par milliers de personnes désœuvrées préférant râler pour essayer d’obliger les autres à bosser plutôt que bosser eux-mêmes… #YaKaFoKon
  • des administrateurs tellement désœuvrés qu’ils se sont transformés en stalkers pistant la moindre de mes publications sur mes réseaux sociaux, allant jusqu’à déterrer des publications de plusieurs années d’ancienneté ! #CaLesOccupe
  • dernièrement le souhait du secrétaire général de ne pas apporter mes modifications pourtant présentées dans les temps au PV d’un CA précédent dans le seul but de décrédibiliser mes interventions, au mépris de nos règlements et de la plus élémentaire politesse…

Tout cela arrive dans un peu toutes les associations, et n’est pas si grave. Il en va de la défense des photographes professionnels, que ne ferait-on pas pour ce métier ?

Ce qui m’a le plus étonnée, et assurément, déçue ce fut de découvrir que oui, l’association était complice par son silence d’un sexisme et d’un anti-jeunisme rémanent de la part d’une toute petite poignée de ses membres (bien virils et moins jeunes, hein, les couilles de vieux mâles ça se montre et ça s’étale sinon ça n’a aucun intérêt).

Je garde en tête cet administrateur qui a terminé l’un de ses mails qui m’était adressé, en copie au CA par la mention « Enfin ma tres chère Sandra sache que c est une joie pour moi de te répondre allonger dans mon lit et sous la couette, alors je te souhaite une douce et belle nuit …de secrétaire Générale ! » et le manque de réaction le plus total de mes 13 autres collègues administrateurs qui n’ont pas jugé bon de réagir jusqu’à ce que je leur signale que ce propos était proprement scandaleux.

Messieurs-dames, sous vos regards atterrés, la grande  classe d'un auteur journaliste et administrateur !

Messieurs-dames sous vos regards atterrés, la classe d’un photographe auteur journaliste et administrateur de l’UPP ! Vous noterez que les fautes d’orthographe sont d’origine

Je n’oublie pas non plus ce jour où, alors secrétaire générale, j’ai appris que Gaël D., délégué régional se revendiquant « défenseur des femmes » et faisant un projet photo sur les femmes cheffes dans des entreprises s’était servi de son statut de président 2019 de la région Ile-de-France pour demander à la stagiaire de l’UPP de poser pour lui. Je n’oublierai pas le regard gêné de notre jeune stagiaire me demandant si cela faisait partie de son contrat de stage. Je me rappelle avoir dans la foulée écrit à cette personne et au bureau qu’il était hors de question qu’il use de son statut de délégué Ile-de-France pour faire ce type de demande aux salariées de l’association.

Oups...

Ce triste sire n’a jamais répondu à mon mail, pas plus qu’il ne s’est expliqué de cette proposition déplacée. Il a en revanche choisi d’envoyer 2 mails purement diffamatoires à mon endroit à une trentaine d’interlocuteurs, dont une large majorité qu’il ne connaissait même pas -ni moi non plus- dans lesquels il me qualifiait de « veuve noire » pour avoir osé lui rappeler que non, le corps des salariées de l’association ne lui appartenait pas. #PointBlackWidow

Quand au CA, quand il a été informé de ce dossier, les administrateurs (parmi lesquels une autre femme !) ont préféré statuer « qu’il n’y avait rien de mal à prendre en photo une stagiaire » et que certes le mail envoyé par ce délégué était diffamatoire, mais qu’il ne fallait pas en parler. Dont acte.#So2019 #ChangezRien

C’est tout de même marrant.
Fille de féministe, je ne me suis jamais sentie féministe moi-même, confrontée dès mon plus jeune âge aux limites d’un discours maternel souvent en total décalage avec les actes et la réalité de ma mère. J’ai photographié ensuite des unités souvent qualifiées de « macho » sans pour autant n’entendre rien d’autre que des blagues pas toujours fines, ni toujours drôles, et en me disant que concrètement le machisme n’était pas si terrible que ça. Et c’est l’UPP qui m’aura rendue féministe, parce que défendre tous les photographes professionnels, c’est aussi permettre aux femmes photographes de s’exprimer, comme tous les autres photographes, n’en déplaise aux règles de préséance que les vieilles couilles aimeraient voir respecter !
Quand j’y repense, ça doit bien faire rire Laurie, ancienne salariée de l’association et féministe convaincue qui m’avait accueillie juste après mon élection en 2017 en me disant « ça tombe bien il faudrait faire un dossier sur les femmes photographes » et a qui j’avais répondu avec bienveillance qu’elle était tombé sur la mauvaise fille, puisque moi mon métier c’était photographe, et pas femme photographe…

Voilà, c’est tout pour aujourd’hui !

Je tenais à remercier les personnes avec qui j’ai pris beaucoup de plaisir à travailler, malgré nos désaccords, parfois.

Je pense d’abord à nos salariées et stagiaires: Sonia, Stéphanie, Lucie, Iona, Sofia et Pauline qui s’investissent bien au delà de leur petite rémunération.

Je pense aussi à ces administrateurs que j’ai vu fournir sans se décourager une masse de travail considérable, dans l’adversité le plus souvent, Philippe Bachelier -notre actuel président-, Matthieu Baudeau, Nedim Imre, Serge Deleu.

Et je pense surtout à tous ces autres adhérents, qui s’investissent, échangent, renseignent, aident… sans pour autant avoir besoin de mandat politique pour cela, ils sont les vraies forces vives de l’association et notre avenir collectif de photographes : Julien Hay, Patrick Djian, Pierre Morel, Yann Cainjo, Christophe Mazet, Philippe Roy, Leny Stora, Guillaume Souffrant, Emilie Lesvignes, Mina Kawashy, Cédrine Tresca, Gilles Galoyer, tous ceux que j’ai forcément oubliés et tous ceux qui les rejoindront…

Vous l’aurez compris: le pire ennemi des photographes c’est eux-mêmes.

Mais nul n’est irremplaçable et l’avenir nous appartient, je ne doute pas que les candidats au poste d’administrateur sauront continuer à faire avancer et évoluer l’association !

Quant à moi, je vais consacrer mon énergie à mon vrai métier, celui de faire des photos dans toutes sortes de conditions 😉
Photo: Eric Thirion

PS Spécial adhérents de l’UPP

Comme certains me demandent si j’ai « des idées pour le vote en AG » le 31 janvier, et que je me suis toujours exprimée en toute transparence, voici ce que je vous recommande :
ne votez pas pour les candidats qui étaient déjà administrateurs ces dernières années, faites rentrer de nouvelles têtes, jeunes ou vieilles, garçons ou filles, à notre conseil d’administration. L’UPP a besoin de toute l’énergie d’administrateurs « neufs » qui arriveront frais avec leurs idées et leur énergie, et c’est comme ça que se construit une association représentative de toute la diversité des photographes !