Reporter-Photographe

Derrière les images

Highway to Hell

Highway to Hell

L’escalier dans lequel je prend cette photo était appelé « l’escalier des enfers » par les formateurs du centre. Il y avait en effet moyen de stocker une quantité impressionante de combustible à une de ses extremités, de l’enflammer, puis d’admirer d’abord des anges danseurs puis des roll-over de flammes assez magnifiques tout en etant relativement « confortable » à les regarder. Le plafond de flammes étant assez haut, et la chaleur du rayonnement y était assez supportable…

Ce confort relatif incitait donc les stagiaires à gravir quelques marches supplémentaires pour se rapprocher des flammes, pour prouver qu’ils en étaient capables et pour  profiter de la vue envoûtante sur cette marée de feu qui avance sur vous… Tandis que je monte les marches entre les stagiaires assis pour faire une image un formateur leur ordonne de se lever « pour la photo ». Debout, ils sont nettement plus près des rolls, et ça chauffe plus, plus vite, plus fort… le revêtement des casques commence à crépiter, je déclenche sans demander mon reste.

[Ref: 2413-16-0061] / Tous droits réservés sandrachenugodefroy.com

EXIF | Credit: Sandra Chenu Godefroy | Appareil: NIKON D700 | Date: 04/12/2013 | Focale: 14mm | ISO: 500 | Ouverture: ƒ/2.8 | Vitesse: 1/40s |

Engagés pour l’histoire !

Engagés pour l’histoire !

J’ai eu le plaisir de rendre visite la semaine dernière à l’ECPAD – Agence d’images de la Défense et d’échanger avec son directeur Laurent Veyssière . D’aucuns ne diront que ce faisant, j’ai « trahi mon camp »… Peut-être, mais quel camp ? Celui des photographes forcément un peu rebelles et franc-tireurs qui ne devraient pas fricoter avec les “donneurs d’ordre” ou celui des photographes indépendants dont la fréquentation d’instances étatiques de production d’images pourrait supposer un manque… d’indépendance justement ?

Et pourtant, je ne vois pas de trahison, seulement une forme d’admiration pour la maison ECPAD et ce qu’elle représente. Pour le travail et l’engagement de ses « soldats de l’image » d’aujourd’hui et pour les formidables visuels que leurs prédécesseurs ont légué à notre patrimoine collectif.

En effet, J’avais été « branchée » un peu ouvertement par un de ces soldats de l’image il y a quelque temps, me demandant si « ça va t’as pas trop l’impression de nous piquer notre boulot ? ». Je ne réagirai pas trop mal à ce commentaire un peu cinglant: nous partagions une bière entre confrères. En effet, j’ai déjà entendu bien pire, et puis l’avantage quand on se chambre, c’est qu’au moins on se parle. Donc la réponse est non, pas plus hier, qu’aujourd’hui, je ne serai pas en concurrence avec l’ECPAD. Cet établissement public a cette très belle mission entre actualité et histoire, de rendre compte en images de l’action des armées. Quant à moi, je ne fais que raconter l’engagement des hommes… Avec mon simple regard de civile, et à une toute autre échelle. On traite peut-être parfois des mêmes sujets, mais probablement pas de la même façon.

Célébration du 14 juillet, fête nationale française. [Ref: 4515-13-0685]

EXIF | Credit: Sandra Chenu Godefroy | Appareil: NIKON D700 | Date: 14/07/2015 | Focale: 300mm | ISO: 400 | Ouverture: ƒ/6.3 | Vitesse: 1/800s |

Alors tant qu’à parler d’engagement, je voulais partager avec vous cette photo de soldats de l’image lors de l’édition 2015 du défilé du 14 juillet. Elle avait été un moyen pour la nation de saluer ces hommes et femmes « soldats de l’image » et de faire reconnaître au public l’importance de leur travail et de leur engagement !

OK en soute ?

OK en soute ?

L’ALAT avait invité quelques journalistes pour l’édition 2019 de son exercice annuel Baccarat. En demandant gentiment, j’ai l’opportunité de me rendre sur place moi aussi. Pour satisfaire les besoins en visuel des journalistes locaux, un des pumas du 3ème RHC s’est vu confié la mission de faire « plateforme pour journalistes » en plus de sa mission militaire dans le cadre de cette manœuvre. Le MOS se retrouve donc a devoir composer avec les demandes des uns et des autres dans sa soute, à transmettre les demandes au pilotes, à répondre que non pas possible etc. etc. Le tout avec quand même une certaine patience et le sens du service. 

Alors que nous retournions sur Etain et juste avant de poser sur la base, le pilote propose de rester quelques secondes supplémentaires en vol pour nous permettre de photographier « tous les hélico ensemble » ce qui nous est annoncé par le MOS. Je prends deux photos pour la forme. Le journaliste local quand à lui est aux anges et les secondes deviennent des minutes.. qui durent encore et certains cockpits commencent à s’impatienter. Notre MOS ne se départit pas de sa grande politesse et il interroge visuellement les photographes pour savoir si c’est bon pour nous. Il se tourne vers moi. Derrière la porte du puma ouverte j’ai l’axe de la piste et les autres hélicoptères, et je sais que là j’ai MA photo. Parce que le plus important dans un hélicoptère : ce sont les hommes qui le font voler !! 😉

Suivi d’un équipage de SA 330 Puma du 3ème Régiment d’Hélicoptères de Combat à Etain lors de l’exercice Baccarat 2019 organisé par la 4ème brigade d’aérocombat. [Ref: 3219-24-0672]

EXIF | Credit: Sandra Chenu Godefroy | Appareil: Canon EOS 5D Mark III | Date: 07/03/2019 | Focale: 24mm | ISO: 400 | Ouverture: ƒ/11 | Vitesse: 1/160s |

« Comment fais-tu pour être identifiée par les flics en manif et qu’ils ne te tapent pas dessus? »

« Comment fais-tu pour être identifiée par les flics en manif et qu’ils ne te tapent pas dessus? »

Cela pourrait faire sourire, mais c’est une question que me posent souvent mes collègues photographes (non-reporters s’entend). Et en général, ils sont très déçus d’apprendre que non je ne me promène pas avec un panneau écrit « je suis une photographe sympa qui fait des photos de policiers en manif alors soyez-cool me tapez pas SVP ». Je ne suis pour les forces de l’ordre qu’une parmi des centaines de journalistes. Globalement, tant que je ne les empêche pas de faire leur travail, ni que je ne représente aucun danger pour eux, je n’ai jamais été violentée volontairement ni par un policier ni par un gendarme (involontairement, c’est une autre histoire… mais ce sont les risques du métier).

Certains ne nous aiment pas trop et ne nous ménagent pas non plus. Cependant, en manifestation, comme le temps est compté afin d’analyser ce qui est autour de nous : tout est question de communication corporelle. Je n’agresse personne, je ne crie sur personne, je ne suis donc pas vue comme une menace, il ne m’arrive rien. Point.

Je crois par exemple que le regard que me lance ce policier derrière son bouclier alors que nous étions à un moment très tendu de la manifestation en dit long sur son manque d’affection envers tout ce que je représente pour lui à cet instant… Mais il ne m’a à aucun moment porté violence : être dépositaire de la force publique oblige à s’en montrer digne et cela n’a rien à voir avec moi ou mon identification !

[Ref: 1416-20-0346]

EXIF | Credit: Sandra Chenu Godefroy | Appareil: Canon EOS 5D Mark III | Date: 28/06/2016 | Focale: 105mm | ISO: 640 | Ouverture: ƒ/4 | Vitesse: 1/60s |

Un binôme au service de la gendarmerie

Un binôme au service de la gendarmerie

J’avais vu passer l’info sur les réseaux sociaux : le Centre d’instruction cynophile de la Gendarmerie venait de signer avec la SPA une convention pour pouvoir recruter des chiens de travail parmi les trop nombreux animaux abandonnés recueillis par l’association. Le message était beau mais je n’y croyais pas vraiment : pour faire un bon chien de travail il faut le selectionner tôt, en fonction de caractéristiques bien définies, il faut savoir reconnaître un potentiel pour en informer le CNICG, les bénévoles de la SPA sauraient-ils faire ce travail précis et chronophage ?

Et puis j’ai vu Sébastien revenir de Gramat avec son nouveau poilu : Oury. Un malinois avec une tête rigolote, un chien SAMBI (pour stupéfiants, armes, munitions, billets… une truffe -dans le bon sens du terme- donc) que je voulais absolument photographier !

[Ref: 1321-09-0076]

EXIF | Credit: Sandra Chenu Godefroy | Appareil: Canon EOS 5D Mark III | Date: 16/06/2021 | Focale: 248mm | ISO: 800 | Ouverture: ƒ/5 | Vitesse: 1/200s |

Sébastien à profité de notre petite séance photo à l’entraînement pour me raconter l’histoire d’Oury en même temps qu’il me montrait l’immense motivation de son binôme au travail: Oury a grandi dans une cité pourrie de banlieue où il était maltraité, battu et entraîné pour le combat. Il a été récupéré par la justice suite à une descente de police, puis confié à la SPA. Tout ça ne lui prédisait pas le meilleur avenir. Vous devinez la suite: Les formateurs de Gramat et Seb ont voulu croire dans le potentiel de ce chien car il était littéralement prêt à tout pour se montrer digne de l’affection de son maître, ce qui en faisait un mordu de travail! Alors bien sûr, Oury n’est pas toujours un chien facile, il supporte mal d’être seul au chenil, mais Sébastien est un maître expérimenté et je ne doute pas qu’ensemble ils formeront un chouette binôme au service de la gendarmerie et de la justice !

(C’etait la petite histoire toute mimi du jour… et je leur souhaite de chouettes aventures, même si maintenant je les suivrai de nettement plus loin !)