J’avais longtemps hésité après les attentats qui ont frappé Paris en novembre dernier. Faire des photos, ou pas? Étrangement, c’est avec mes élèves que j’en ai le plus parlé, en attirant notamment leur attention sur le fait que la photo n’est pas la réalité, mais que prendre des photos ne rend pas les choses ni plus ni moins réelles.
Qu’il fallait faire attention à ne pas tomber dans le voyeurisme morbide, qu’étant photographes et pas paparazzis, nos photos devaient avoir un sens, un propos… que certes, elles pouvaient nous aider à accepter ce qui s’était produit, mais qu’elles n’étaient pas une psychothérapie.
Je ne fais pas de « news » cette photo d’actualité brûlante qui est l’apanage des photographes d’agence, et qui voit se presser sur toutes les actus des foules de photojournalistes indépendants peinant pour gagner leur bien maigre pitance. Mais j’avais tout de même envie de témoigner de cette situation insolite : des CRS dans la rue qui recevaient des mots gentils du public. Cette atmosphère de recueillement était certes pesante, mais il régnait une sorte de bienveillance entre les gens. C’est peut être la seule fois où des CRS ont accepté de se laisser photographier sans même que je n’ai eu à présenter le pourquoi du comment, où aucune personne du public n’est venue me faire le reproche du « et mon droit à l’image, je vous interdis de… ».
J’ai passé quelques heures sur place, et dans tout ce temps, j’ai fait quelques photos, avec un compact, et pas mon reflex (par pudeur? peut-être). En rentrant, je les ai glissées dans un dossier en me disant qu’elles trouveraient peut être un sens, mais plus tard…
EXIF | Appareil: DSC-RX100M3 | Date: 30/11/2015 | Focale: 25.7mm | ISO: 1600 | Ouverture: ƒ/2.8 | Vitesse: 1/20s | Copyright: Sandra Chenu Godefroy - Photographe d'action |