En tant que photographe indépendante, je passe une large partie de mon temps à expliquer en quoi mon métier est « un peu plus » que de seulement appuyer sur un bouton… Et en matière de photo aéro, d’autant plus avec ce très beau sujet qu’est la Patrouille de France, le challenge est encore relevé d’un cran. Il y a toujours des bonnes âmes pour penser qu’il ne peut être que « facile » de faire de belles photos de beaux avions faisant de belles évolutions dans le ciel.
… et pourtant ! Si autant de badauds préfèrent filmer leurs présentations au smartphone, il y a probablement une raison. On peut la chercher dans le fait que la distance aux avions impose de travailler avec des téléobjectifs assez lourds et coûteux. Mais il faut aussi aller bien au-delà de ces simples considérations matérielles : photographier, c’est capter la magie d’un instant. Instant qu’on sort de la continuité du présent. C’est attraper au vol le bon moment, avec le geste, le cadre et le réglage parfait.
EXIF | Credit: Sandra Chenu Godefroy | Appareil: Canon EOS 5D Mark III | Date: 11/09/2021 | Focale: 400mm | ISO: 400 | Ouverture: ƒ/10 | Vitesse: 1/640s |
C’est cette recherche de la perfection au travers de la réalisation d’une seule image qui fait tout le sens de mon métier. C’est une quête souvent frustrante, faite de recherches, d’hypothèses et d’anticipation de ce qui pourrait se passer et qui se produira, ou pas. Quand cette quête aboutit, elle ne laisse place que brièvement à la satisfaction, car très vite, une nouvelle idée d’image arrive, un nouveau challenge, une nouvelle raison de faire ce métier. Se renouveler en permanence, car rien n’est plus ennuyeux que de refaire « la même » photo, même quand elle est réussie.
« Je suis aujourd’hui meilleur qu’hier, demain je serai encore supérieur »
Ce ne sont pourtant pas mes mots, mais ceux du Hagakuré, et je n’en connais pas d’autres qui énoncent de façon aussi claire ma conception de ce magnifique métier.