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Derrière les images

Photographe: comment ranger ses photos ? 1/4

01/05/2021

A l’heure de la photo numérique : comment ranger ses petites affaires ?

( … et y retrouver ses petits ! )

En préambule, comme déjà annoncé sur certains posts, ceci n’est que « ma » méthode, elle me donne entière satisfaction, mais surtout elle tient compte de mes contraintes et des points que JE juge indispensables, je vous invite donc à réfléchir si elle est pertinente dans votre cas avant de la prendre pour exemple, ou pas ! Et comme d’habitude, je ne suis pas sponsorisée par un quelconque éditeur de logiciel ou fabricant de matériel et en aucun cas je n’assure le SAV !

Alors, j’écris cet article en 2021, j’ai 15 ans de photos derrière moi et un peu plus de 10 ans de production professionnelle, addition faite récemment, cela n’emmène dans les 300 000 photos dans mes dossiers. A une vache près. A ce niveau là, on ne compte plus en fait. 

Comme je l’ai expliqué à de nombreux photographes qui se lançaient: en début de carrière, toute la richesse d’un photographe est contenue dans son sac photo, le gros de sa « valeur » financière, c’est le prix -en occasion- de son matériel photo. Au fil du temps, un glissement se produit, et en fin de carrière, la plus grande partie de sa richesse réside dans ses archives, ce qui constitue son « fond photo » d’images susceptibles d’être vendues.

En fin de carrière, la plus grande richesse d’un photographe tient dans ses archives photo.

D’où l’intérêt de penser dès le début à la fin: pouvoir retrouver une image donnée parmi un grand nombre et être toujours capable d’accéder aux fichiers originaux.

A l’époque où je le croisais à l’UPP, Michel Rager, le référent « fonds photo » de l’association, m’expliquait qu’en justice, quand il s’agissait d’estimer la valeur d’un fond photo, la formule était simple: 50% de celui-ci venait de la qualité, de la célébrité et du nombre de photos qu’il contenait et 50% venait de son indexation. Tout simplement. Aussi excellentes que soient vos images, si nul autre que vous ne peut y trouver, rapidement, une image sur un sujet donné, alors votre fond voit sa valeur divisée par 2. Qui voudrait d’une très belle voiture sans en avoir les clefs ?

Concernant les fichiers, on a vu des photographes ruinés par l’incendie de leur atelier où étaient conservés leurs négatifs, et le tout numérique, plutôt que nous préserver de ce type de risque, en a rajouté de nouveaux. Un disque dur peut tomber en panne, être vérolé, et il faut rajouter au risque incendie, qui n’a pas disparu, celui de l’obsolescence des fichiers: qui vous garantit que dans 10 ou 20 ans vous serez toujours en mesure d’ouvrir vos formats de fichiers (pré)historiques ?

Étape 1 : Les noms de fichiers

Il m’a donc semblé pertinent de mettre en place très tôt une nomenclature pour mes images, de telle façon qu’à une référence et une seule ne corresponde qu’une et une seule photo. C’est con mais un fichier « DSC_9999 », je vous laisse faire le calcul, à 300K images dans mes tablettes, à priori, je devrai en avoir 30 exemplaires, comment différencier qui est qui?

Le formalisme que j’applique me produit des noms de fichiers de 12 caractères en 3 groupes séparés par des tirets (de type 1221-01-0004) l’idée générale étant de mettre ce qui varie « peu » dans un reportage le plus à gauche possible, et ce qui varie énormément à droite.

1221-01-0004

– Les 2 premiers chiffres me permettent de savoir dans quelle thématique se rangent mes images (« 1 » pour « forces de l’ordre » et « 2 » pour sa subdivision « police du quotidien, voie publique, gendarmerie départementale »)
 Les 2 chiffres suivants sont ceux de l’année (« 21 » pour 2021)

Grace à ces 4 premiers chiffres, quand j’exporte des fichiers jpg, pour mes books photo ou mes réseaux sociaux, ils se rangent automatiquement par catégorie: les photos de police d’un coté, les photos mili (ou aéro ou secours) d’un autre; ensuite au sein de la catégorie police les photos de maintien de l’ordre sont ensemble, et elles sont rassemblées par années. Tout ça pour plus de praticité quand je suis sur un bête explorateur de fichier et que je ne veux pas ouvrir les images en grand ni consulter précisément leurs métadonnées.

1221-01-0004

– le tiret ensuite me permet de présenter sur 2 chiffres le numéro d’ordre du reportage au sein d’une année donnée (« 01 » pour le premier reportage de l’année donnée, ici 2021)

Toutes les photos d’un même reportage ont donc les même 6 premiers chiffres, ce qui leur permet d’être ensemble lors d’un export. Bien sûr si je traite de plusieurs thématiques au sein d’un reportage (par exemple la police du quotidien mais aussi le RAID et les pompiers lors de la présentation du Schéma national d’Intervention ) je choisis un seul duo de chiffre qui s’applique à tout le reportage parce que le plus important pour moi est que les images d’un même reportage s’affichent ensemble dans un dossier.

1221-01-0004

– le dernier tiret enfin me permet de connaître sur 4 chiffres la numérotation chronologique du cliché au sein du reportage (« 0004 » pour le 4ème donc)

Tout ceci me limite donc à 9999 photos par sujet de reportage, peu importe si je shoote à un ou 2 boitiers. 9999 c’est plus que suffisant dans 99,9% des cas (hormis pour mon sujet Covid19 où j’étais trop fatiguée pour être capable de réfléchir, et ou je suis arrivée après une dizaine de jours garde à atteindre les 10K photos, j’ai donc commencé un deuxième numéro de reportage… mais comme à cette période je ne faisais « que » ça, les numéros se suivent immédiatement, ouf !)   

Je suis donc en présence de fichiers correctement numérotés de façon chronologique et thématique et dans mon système , chaque référence est unique, et c’est bien, mais ça n’est pas encore suffisant pour assurer leur stockage et leur sauvegarde…

Comme cet article est déjà un peu long, rendez-vous samedi prochain pour un nouvel article sur le rangement informatique de vos photographies ! #ToBeContinued

Sandra Chenu Godefroy, photographe indépendante

Sandra Chenu Godefroy

Photographe

Spécialisée dans les images de secours, défense, sécurité, et d’aéronautique. Fille sérieuse qui se prend pas au sérieux.

J’exploite honteusement Tigrou, mon assistant en peluche, et j’adore mon métier, même si c’est pas toujours facile !